Décrypter les Symboles

Dominique  Aubier

La connaissance de l’Universel

Décrypter les Symboles

Dans chacun de ses livres Dominiue Aubier s’attaque à des thèmes événementiels qu’elle traite en symboles. C’est ainsi que dans Le Réel au pouvoir par exemple, elle a pris le risque d’analyser l’attitude qui fut celle du Président de la République, lorsqu’il prit la décision de révéler l’existence d’un cancer de la postage affectant sa personne, maladie qu’il choisit de rendre publique dans la circonstance précise où se jouait le sort du Traité de Maastricht. Le décryptage du symbole constitué par cet événement s’achevait en diagnostic sévère à l’égard du Traité. L’exercice était intéressant, en dehors de son accrochage au référendum qui devait donner une faible majorité de voix aux partisans de l’Union Européenne telle que conçue et proposée par Mitterrand. L’important, dans cette analyse résidait dans sa valeur exemplaire, en cela qu’un événement social peut être retenu comme une image symbolique porteuse d’un avis s’appliquant directement à son propos. Comme si la vie éjectait sans cesse des faits symboliques dont le déchiffrement relevait d’une technique spécifique. 

Dominique Aubier s’explique sur cette technique

Le symbole se situe clairement dans l’espace structuré d’une unité évolutive. Il apparaît en un site précis du feuilletage cortical.
Dans nos cerveaux, l’essor de la pensée symbolique se manifeste dans les couches II et III. Celles-ci entrent en fonction dans les premières années de la vie, approximativement entre sept et trente ans, la durée variant d’un sujet à l’autre, suivant les époques et l’investissement culturel.

Pour déterminer en toute rigueur la technique appropriée permettant de lire les symboles, il faut retenir d’abord la nature du site écologique assigné à la manifestation de cette forme de pensée. Savoir qu’en toute unité évolutive, la construction symbolisante se produira inévitablement dans l’espace où travaillent les couches II et III, dans un feuilletage à six couches. Le cortex est ainsi fait qu’il donne l’image d’une épaisseur stratifiée, divisée naturellement en deux instances: celle qui s’anime tandis que l’énergie traverse les couches I, II et III et celle où l’influx s’active dans les couches IV, V et VI. Appelons Bip la première et BOP la seconde. Le symbole loge toujours en Bip dans n’importe quelle production cyclique.

Bon à savoir, car l’on comprend aussitôt que le symbole soit structuré sur un principe de faible division droite-gauche. En première instance évolutive, en tout cycle, bien qu’il y ait deux hémisphères en miroir, la dualité n’est pas fortement exprimée. Elle l’est dans le symbole et c’est pourquoi tout symbole est formé de deux ailes: la droite et la gauche, l’image et le sens. Nous savons tous qu’un symbole est porteur d’un message qui demande à être lu. La tendance spontanée de l’esprit consiste d’ailleurs à lui offrir une signification.

Mais comment saura-t-on que le sens découvert est le bon? Il ne suffit pas de proposer une solution, fruit de l’imagination intuitive. La signification ainsi offerte, pour vraisemblable qu’elle apparaisse, n’aurait aucune autorité face à une autre interprétation tout aussi raisonnable. Quantité de sens peuvent être épluchés et c’est pour avoir assisté à cette production de propositions sensées dont aucune n’est décisive que les scénaristes du symbole ont parlé de la lecture en pelure d’oignon. Une peau succède à l’autre sans que l’on parvienne jamais au sens; l’oignon n’a pas de coeur.

A quel critère se fier pour éviter de tomber dans un effeuillage qui ne donnerait pas de réponse concluante?
La sagesse consiste à s’enquerrir de la particularité systémique du Bip. En quoi cette instance diffère-t-elle de la suivante? Eh bien, elle dispose d’une propriété qui ne se retrouvera qu’à la fin de l’unité en marche. Le Bip a la capacité d’englober le tout systémique, ce que le cycle fera d’évidence à terme échu. Ainsi, le système évolutif est enclos à titre relatif dans la première partie de la dynamique constructrice, dormant l’image de ce que celle-ci sera, à l’état achevé. Cela veut dire que, pour étudier l’énigme symbolique, il est nécessaire d’interpeller le Code des archétypes. Rechercher, dans sa table des valeurs périodiques de toute évolution en cycle, le critère qui a fourni sa forme à l’image symbolique considérée.

Plusieurs exemples de ce type d’analyse ont été donnés dans La Puissance de Voir selon le Tch’an et le Zen. Si ce livre a une utilité, c’est exactement celle que lui ont voulue prophétiquement les géniaux faiseurs de kô-ans. Pensez à ces petits chinois à l’imagination bridée qui ont soutenu l’histoire extraordinaire du Tch’an cette doctrine qui a conquis la Chine entière, puis le Japon, avant de s’étaler sur tous les continents! Ils n’ont rien fait d’autre que briquer de petits bijoux symbolistes destinés à éclore dans le futur, lorsque la connaissance du système sacré deviendrait planétaire. Ils ont tout exprès façonnés des textes où, en chacun, l’archétype fondateur est repérable sans peine. A la condition, bien sûr, de porter en tête sa table d’universaux , comme on connaît celle de multiplication. Le temps est venu de lire les kô-ans , car tout est kô-an dans la vie, qu’elle qu’elle soit.
A vos kô-ans , messiers dames!

Le décryptage d’un symbole, pour être efficace, exige en effet que soit pratiquée une certaine chirurgie: extraire l’os archétypal. Car c’est lui qui donne le sens. Pour ce faire, un peu de doigté est nécessaire. La palpation de l’image est indispensable. Un médecin ne s’y prend pas autrement pour savoir si la douleur de ventre est celle de l’appendicite ou simplement celle d’une flatulence bloquée. La compétence du praticien consiste à palper sur toutes ses facettes l’apparence imagée du signe et quand il s’agit d’un symbole, la pertinence veut que l’on se demande quel est l’archétype actif dans cet objet de pensée ou d’expression. Tout ce qui se monte et participe de la métaphore doit être repéré, retenu comme élément significatif. Sa particularité est à relier à celle des indices voisins au sein d’une cohérence généralement facile à pressentir. Voir en quoi la logique interne de l’image passe d’un indice à l’aube, sans se perdre. La continuité de l’expression imagée est déjà libératrice du sens. Mais si l’on veut sans coup férir percer le sens là où son cœur bat, il faut frapper les noms propres acteurs dans le symbole. Leur donner un bon coup de marteau, de manière à ce qu’ils éclatent en leurs éléments coniques. A partir de ces pièces détachées, syllabes, phonèmes, lettres, il est possible de reconstituer le message. Il est lisible. Il parle clair. Il dit ce qui importe. La sémantique doit en être évidente. Ainsi, au moment du référendum, il suffisait de concasser les noms des forces en présence, pour obtenir le sens. Il était véhément dans le nom même de Maastricht. Mais ça triche. Quant à la tricherie, elle résidait dans le fait que le Traité ait été conçu dans l’optique économique, qui est par définition hyponeurienne, au lieu d’être le fruit d’une vision spirituelle du réel et des hommes, de l’Europe et du monde.

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